Wednesday 6 March 2013


A partir de demainjeudi 7 mars 
et tous les jeudis jusqu'au 6 juin, de 15h à 17h 
dans la salle 10 du 105 bd. Raspail, 75006 Paris
se tiendra le séminaire de Filippo Ronconi 
(enseignement Ecriture et société à Byzance de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
qui portera cette année sur le thème

Photius dans la société byzantine du IXe siècle 


En poursuivant l’enquête menée dans le séminaire de l’année dernière (« Évolutions graphiques et transformations socio-politiques à Byzance aux VIIIe-IXe siècles »), nous concentrerons notre attention sur l’une des figures-clés du IXe siècle, Photius de Constantinople. Parmi les savants les plus distingués du « premier humanisme byzantin » (une formule, celle-ci, dont nous allons mettre en discussion la valeur herméneutique et la légitimité historique), Photius a été un écrivain prolifique et un lecteur acharné, mais aussi, et surtout, un ‘homme public’, impliqué dans les choix politiques de deux dynasties : secrétaire impérial et deux fois patriarche, conseiller et précepteur d’empereurs, il conditionna les rapports entre Byzance et les mondes occidental et slave. Plusieurs aspects de sa biographie et de son activité demeurent néanmoins obscurs, comme par exemple sa participation à une expédition chez les Arabes ou la nature de ses rapports avec d’autres membres de l’élite constantinopolitaine mêlés dans la querelle iconologique, tels que Jean le Grammairien et Léon le Philosophe. Dans une certaine mesure, ses intérêts culturels restent, eux aussi, indéfinis : a-t-il été vraiment intéressé, comme plusieurs chercheurs l’affirment, au Platonisme ? Est-il à identifier effectivement avec le commanditaire de la « collection philosophique », le groupe de livres qui, transmettant des ouvrages méso- et néo-platoniciens autrement perdus, aurait marqué un tournant fondamental dans la renaissance des études philosophiques à Byzance ? Et encore : quel fut le rapport entre le cercle de lecture qu’il semble avoir animé et la composition des ouvrages qui sont passés à la tradition sous son nom, constituant souvent des textes-clés du moyen-âge oriental ? Nous essayerons de répondre à ces et à d'autres questions, au moyen de deux méthodes d’analyse : d’un côté, nous reviendrons sur les sources littéraires et documentaires de l’époque, en premier lieu sur les épîtres de Photius lui-même. Nous nous concentrerons entre autres sur La lettre à Taraise (qui ouvre son ouvrage le plus connu, la Bibliothèque, et qui semble attester la participation de Photius à une expédition diplomatique chez les Arabes) pour en confirmer la nature fictive. D’un autre côténous nous consacrerons à l’analyse directe – menée suivant la méthode que nous avons appelée ailleurs « stratigraphie codicologique » – de plusieurs manuscrits du IXe siècle qui sont potentiellement liés au milieu photien : nous étudierons par exemple les dix-huit témoins de la « collection philosophique », ainsi que les manuscrits fondamentaux des ouvrages du savant (notamment de la Bibliothèque). L’étude approfondie de ce personnage constituera le moyen pour observer, de l’intérieur, les dynamiques socioculturelles liant les membres des élites constantinopolitaines du IXe siècle, une période lourde d’implications religieuses et culturelles, ainsi que politiques : l’activité de Photius nous permettra en outre de réfléchir, d’un côté, sur les rapports entre Byzance et les grandes puissances de son époque, notamment les mondes arabe et franc, mais aussi l’église romaine ; d’un autre côté, sur la fonction et le rôle social des ‘intellectuels’ dans le monde méso-byzantin.

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